le bouddhisme
L'enseignement du Bouddha
La doctrine du Bouddha repose
sur l'idée que la souffrance est inséparable de l'existence. Bien qu'il
professe une vision foncièrement pessimiste, le bouddhisme affirme que
le savoir et la morale permettent d'échapper au cycle des renaissances
et d'entrer dans un état de pureté absolue, le nirvana. Les quatre
«nobles vérités» sont déjà résumées dans le tout premier sermon de
Bénarès. La première vérité fait de la douleur la compagne de la vie,
car aucune félicité n'est durable. Le moi est éphémère, puisque tout
être meurt pour renaitre dans un autre corps, qui souffrira et renaitra
à son tour – c'est le samsara brahmanique, ou cycle des réincarnations.
Ce cycle est régi par le karma, résultat des bonnes et mauvaises
actions passées.
La deuxième vérité est que la douleur nait de
la «soif» de vivre, des désirs et des passions, autant de sources qui
alimentent la convoitise, la jalousie, la haine et l'erreur.
La
troisième vérité découle des précédentes: si l'on supprime la cause, on
annule son effet. Ainsi, si l'on éteint les désirs, on annihile la
souffrance.
La quatrième vérité est la morale du bouddhisme, la
«Voie des huit vertus». Elle recommande la méditation pure, le savoir,
la vérité et le bien, elle conduit au nirvana, à l'extinction des
désirs, à l'état suprême de non-existence, de non-réincarnation, à
l'absorption de l'être par l'énergie cosmique. Le nirvana, qui n'est
pas immédiatement accessible, est un état qui échappe à la fatalité du
devenir et au cycle sans cesse repris des vies nouvelles.
Les écoles de pensée bouddhique
Le Bouddha n'a laissé aucun écrit. Retransmises oralement par ses fidèles, ses paroles furent réunies dans des textes sacrés (sutra). Divers conciles bouddhiques eurent lieu entre le Ve et le Ier siècle av. J.-C.; un premier schisme, vers 450, précède l'apparition de nombreuses écoles de philosophie bouddhique.
Le Hinayana
La première des trois plus importantes écoles est le Hinayana (le Petit Véhicule, celui qu'on emprunte pour accédez au nirvana); elle est particulièrement répandue au Sri Lanka, en Birmanie et en Thaïlande. Divisée en plusieurs sectes, elle ne reconnait pas au Bouddha une nature divine et réserve la voie du nirvana aux seuls religieux armés d'une morale stricte. Sa doctrine est tout entière contenue dans un texte canonique, le Tripitaka.
Le Mahayana
Appelé aussi Grand Véhicule,
le Mahayana est la deuxième école influente; elle gagna le nord de
l'Inde, le Tibet, la Mongolie, la Chine, la Corée, le Japon et une
partie de l'Asie du Sud-Est (Viêt-nam, Cambodge). Pour le Mahayana,
bouddhisme métaphysique, la sainteté n'est pas seulement un idéal de
perfection personnelle, mais un moyen d'aider l'individu à atteindre
cet état grâce à l'appui de sages «éveillés». Comme le Bouddha, ceux-ci
renoncent temporairement (ou définitivement) à entrer au nirvana pour
aider les autres hommes à connaitre l'Illumination. Ainsi cette
religion prévoit-elle le salut pour tous. Son panthéon est peuplé de
divinités (les bodhisattvas ), qui sont plus proches des fidèles que le
Bouddha. Devenu religion populaire, le Mahayana abandonne la conception
athée du bouddhisme et procède à une sorte de déification du Bouddha, à
qui il attribue un aspect humain, divin et cosmique (doctrine des trois
corps). Le Mahayana se distingue par la stature exceptionnelle de ses
philosophes et de ses penseurs religieux: Nagarjuna, vers 100 apr.
J.-C., Asanga, au Ve siècle, le poète Shantideva, au VIIe siècle.
En
Chine et au Japon, l'école mahayaniste s'est compartimentée en de
nombreuses sectes dont la plus connue est le zen (ou chan). Leurs
adeptes, qui méditent sur des textes sacrés et mènent une vie
ascétique, s'appliquent à vider leur esprit à la fois du temps et de
l'espace, pour mieux parvenir à l'Illumination bouddhique. Ainsi les
écoles zen (méditation) pratiquent des activités favorisant la
concentration (cérémonie du thé, tir à l'arc, judo, jardinage, poésie,
peinture).
L'école lamaïque
L'école du tantra, particulièrement développée au Tibet et en Mongolie, est issue du Mahayana et reprend divers aspects de l'hindouisme, longtemps évincé par l'hétérodoxie bouddhique. Ses écrits sacrés (tantra) s'apparentent à des ouvrages de pratique rituelle, voire même de magie (récitation de syllabes sacrées, exercices de yoga disposant le corps et l'esprit à des pouvoirs surnaturels). La philosophie tartrique est axée sur l'examen du cosmos et de ses multiples facettes. Le dalaï-lama, dignitaire religieux du Tibet, est considéré par le tantra comme la réincarnation du Bouddha.
La communauté bouddhique
Constituées après la disparition du Bouddha et peu à peu enrichies de rites et de cérémonials, les communautés monastiques ont acquis une immense influence spirituelle et morale au sein des populations extrême-orientales.
Les moines
Les adeptes du bouddhisme qui
désirent entrer dans la vie monastique sont consacrés par une double
ordination. Le novice, âgé d'au moins seize ans, s'engage à respecter
dix interdits: ne pas tuer, ni voler, ni forniquer, ni mentir, ni
ingurgiter des boissons fortes, ni manger aux heures interdites, ni
danser et chanter ou assister à des spectacles, ni s'embellir, ni
utiliser un lit ou un siège confortable, ni recevoir de l'or ou de
l'argent. Au terme d'une instruction plus ou moins longue, le novice
subit une seconde ordination, après avoir passé un examen. Toutefois,
il est libre de partir à tout moment.
Les moines ordonnés,
occupés par les prières, les études, les rituels de confession et les
cérémonies religieuses, participent également à l'instruction des
enfants, aux cérémonies (mariages, crémations), et parfois à des
activités plus terre à terre (irrigation, agriculture). Ils vivent donc
à proximité des laïcs.
L'un des concepts clés du bouddhisme est
le don. Les laïcs offrent aux moines la nourriture quotidienne et, lors
des fêtes saisonnières, des robes neuves. Ils portent des fleurs et de
l'encens aux images du Bouddha et des bodhisattvas du panthéon
mahayaniste. De leur côté, les moines font des offrandes sous forme de
sermons, de chants liturgiques, de prières pour les défunts. En faisant
des dons, l'individu obtient à chaque fois des mérites et, grâce à un
karma favorable, peut espérer qu'il renaitra dans une existence
meilleure, conduisant à l'Illumination.
Les grands textes du bouddhisme
Ce sont les moines qui, depuis environ 2 500 ans, conservent la doctrine, les textes sacrés et les récits transmis d'abord oralement par les fidèles, ainsi que les représentations artistiques de leur maitre spirituel et des divinités.
- Le Tripitaka («trois corbeilles» ou «trois trésors») fut rédigé en sanskrit, l'œuvre est divisée en trois parties: Vinaya (prescription de la vie monastique); Sutra (collection de prédications du Bouddha); Abhidharma (ensemble d'ouvrages métaphysiques et doctrinaux). Il s'agit de textes hinayanistes, dont la rédaction s'étend sur cinq siècles, à partir de 500 av. J.-C.
- Le Saddharmapundarikasutra («Lotus de la bonne loi») fait partie du Tripitaka et constitue une conception mahayanique du sermon de Bouddha sur l'unicité des chemins du salut (vers 300 apr. J.-C.).
- Écrit par Nagarjuna, le Madhyamika est une œuvre doctrinale (IIIe siècle après. J.-C.).
- Le Milindapanha est un dialogue philosophique entre le souverain grec Milinda et le moine Nagasena (IIe siècle après. J-C.).
- Les tantra sont des ouvrages d'ésotérisme (vers 350 après. J.-C.).
- Plusieurs contes et apologues évoquant les vies antérieures du Bouddha ont été regroupés dans le jataka (IVe siècle après. J.-C.).
- L'Avadana rassemble des apologues moraux (vers 200 après. J.-C.).
- Enfin, le Sutra est un recueil d'aphorismes (vers 400 après. J.-C.).
Le bouddhisme aujourd'hui
Issu de la tradition
brahmanique et de ses principes essentiels, mais s'opposant au
formalisme hindouiste, le bouddhisme s'est imposé comme une religion de
salut. Sans se référer à un véritable Dieu, il constitue une
philosophie fondée sur une vision pessimiste de l'existence. Mu par le
désir de délivrer l'humanité des luttes de pouvoir, de la haine, de la
persécution et du racisme, il reste proche des préoccupations des
laïcs. Il affirme avec force son idéal de justice et de respect de
l'homme, n'hésitant pas à s'engager dans des conflits politiques et
sociaux: lors de la guerre du Viêt-nam, les religieux soutenaient le
mouvement pacifiste et les bouddhistes du Tibet, qui reconnaissent
toujours le dalaï-lama en exil, continuent à protester contre
l'annexion de leur pays par la Chine.
Au cours de ce siècle, de
nombreux États asiatiques (Chine, Laos, Cambodge, Viêt-nam, Corée du
Nord, Mongolie) ont choisi la voie du socialisme athée et entrepris
l'éradication de toutes les religions. La sécularisation forcée de
l'Extrême-Orient, ainsi que l'occidentalisation de la région, semble,
en effet, menacer le bouddhisme millénaire. Toutefois, outre le Japon,
la Corée du Sud, Taiwan et la Birmanie, où le bouddhisme connait une
grande vitalité, les États asiatiques qui avaient adhéré au marxisme
n'ont pu extirper entièrement cette religion: dans certains pays de
l'Asie du Sud-Est, où le pouvoir s'efforce d'éviter toute dissidence
politique et religieuse, elle est souvent traitée avec une neutralité
bienveillante.
Si le bouddhisme a presque totalement disparu en
Inde après le XIIe siècle, tout l'Extrême-Orient reste profondément
marqué par son influence vieille de vingt siècles et toutes les
cultures et civilisations extrême-orientales continuent à s'inspirer de
la métaphysique et des valeurs morales de ce courant spirituel.
Les moines tibétains se classent en deux grandes catégories.
1)
Les lamas. Ce terme signifie « gourou» ou maitre en tibétain, et il est
réservé aux moines bouddhistes tibétains de haut rang ou accomplis; les
moines ordinaires sont appelés drapa. Vu que le mot lama a été utilisé
comme forme de politesse pour s’adresser à un drapa, on l’emploie
souvent à mauvais escient pour parler de n’importe quel moine tibétain.
2) Les moines. Le bouddhisme tibétain a recours au tutorat
privé pour ses moines. La lignée Gelug a instauré un système d’écoles,
le « dratsang », et maintenant, ce système est adopté par toutes les
autres lignées. Dans un monastère, les moines sont répartis en quatre
groupes :
a) les moines étudiants du bouddhisme exotérique ou
ésotérique. Appelés « bachogwa » en tibétain, ces moines sont les
futurs détenteurs des grades les plus élevés en études monastiques et
ont de fortes chances d’être les candidats à des positions officielles.
b)
les moines formés aux professions religieuses. Ce sont les moines qui
prient pour la sécurité et le bonheur, qui officient des activités
religieuses servant à délivrer les morts de leurs péchés ou qui servent
comme consultants d’oracles.
c) les moines artisans. Cette
catégorie inclut les sculpteurs, les mouleurs et les fondeurs, les
peintres, les graveurs, les médecins et les imprimeurs de textes sacrés.
d) les moines ouvriers. Ces moines ordinaires effectuent diverses tâches pour le monastère et ils forment la majorité du clergé.
Partout au Tibet on
sent l’influence du bouddhisme: les bannières de prière colorées
flottent au vent, les tas de pierres mani reposent au bord des routes,
la fumée d’encens monte des monastères et temples, les moines en robe
pourpre font tourner patiemment les moulins à prière.
Le Tibet a
une population de 2,7 millions d’habitants, dont 92 % de Tibétains, et
la majorité pratique le bouddhisme tibétain. Il y a actuellement plus
de 1 700 monastères, temples et sites religieux au Tibet, et comme
partout ailleurs en Chine, la liberté religieuse jouit de la protection
de la loi.
Pour conserver le patrimoine des sites religieux et
culturels et fournir davantage de lieux aux laïcs pratiquants, le
gouvernement central a injecté plus de 400 millions de yuans (48,3
millions de USD) dans la restauration et la construction de monastères
et sites religieux à travers le Tibet.
Lampes au beurre
«
C’est tellement instructif! », s’exclame une Tibétaine d’âge moyen en
écoutant un guide au monastère de Jokhang raconter l’histoire et des
anecdotes du monastère et du bouddhisme tibétain.
« J’adore ces
récits. J’ai grandi avec eux », dit-elle. Elle et son mari font un
voyage spécial de chez eux, dans la banlieue de Lhassa, capitale de la
région autonome du Tibet, pour rendre hommage au Bouddha au monastère
de Jokhang, deux fois l’an.
Pour les bouddhistes locaux, un
monastère est sacré. Les monastères du Tibet reçoivent tous les jours
des fidèles laïcs, et ceux de Jokhang à Lhasse et de Tashilhunpo à
Xigaze sont remplis de bouddhistes.
Les lamas de Tashilhunpo ont
dit que le nombre de pèlerins s’est accru ces dernières années grâce à
l’amélioration des transports. Tous les monastères du Tibet sont
gratuits pour les fidèles qui y vont prier, bien que certains imposent
des frais d’entrée aux touristes.
Les fidèles laïcs vont au
temple demander la bénédiction du Bouddha. Ils ajoutent aussi du beurre
dans les lampes qui brûlent nuit et jour devant la statue. Les pèlerins
de l’extérieur achètent habituellement un sac de beurre solide pour
mettre dans les lampes tandis que les croyants des environs apportent
une bouteille de beurre fondu.
Les aumônes aux monastères et
temples constituent une part importante de la visite. Peu importe
combien l’on donne, si l’offrande est pieuse. Et si l’on donne un gros
billet, les lamas rendront la monnaie, ce qui n’est aucunement
offensant.
Prostration
À
l’extérieur, des fidèles font tourner les moulins à prière et récitent
des mantras en marchant dans le sens contraire des aiguilles d’une
montre, ce qu’on appelle « circumambulation » ou marche rituelle.
D’autres se prosternent ; en récitant des mantras, ils joignent les
mains au-dessus de leur tête, puis les descendent jusqu’à la poitrine,
fléchissent les genoux et enfin se prosternent de tout leur long, le
front touchant le sol. Ils se relèvent et répètent le mouvement.
La
prostration peut s’accomplir en un même endroit ou le long du chemin,
comme on en voit sur les routes qui mènent à Lhassa. Habituellement,
les pèlerins partent de leur lieu d’habitation et exécutent une
prostration totale tous les trois pas. Il faut parfois des dizaines de
jours pour arriver à destination.
Le 4 du VIe mois du calendrier
tibétain est particulièrement important, car c’est le jour où le chef
spirituel de l’Asie, Sakyamuni (565-486 av. notre ère) fit sa première
prédication après avoir reçu l’« Illumination ». Ce jour-là, tous les
monastères et temples sont remplis à pleine capacité.
Pendant
que je prenais des photos au monastère de Jokhang, deux garçonnets
tibétains m’ont saluée. Les frères étaient venus avec leurs parents, se
prosternant pendant les vingt jours de route. Ils s’intéressaient
surtout à mon appareil photo numérique et étaient ravis de regarder
l’écran. Le premier m’a montré son couteau tibétain, l’autre son
talisman. « Une femme ne peut le toucher », a crié l’un d’eux quand
j’ai avancé la main. « Mais cela ne fait rien, puisque tu ne le savais
pas », a-t-il ajouté poliment.
Bannières de prière
Après
huit heures en bus dans les monts enneigés de Lhassa à la préfecture de
Shannan, les voyageurs ensommeillés furent tout à coup ramenés à la
réalité par les longs fils de petits drapeaux rouges, jaunes, bleus,
verts et blancs qui formaient une toile d’araignée dans la montagne.
C’était une vision étonnante sur un fond de ciel bleu cristallin et de
nuages blancs.
Chaque couleur représente un élément de
l'univers, et chaque drapeau porte une prière qui, soufflée par le
vent, apporte le bien-être à l’humanité et répand la vertu dans le
monde.
Ces bannières remonteraient à la religion primitive bön,
plus tard incorporée au bouddhisme tibétain. Les drapeaux colorés
ornent presque toutes les scènes du Tibet : montagnes, lacs,
monastères, maisons ou tentes et même d’énormes rochers et de vieux
arbres. Nous en avons même vus flotter côte à côte avec le drapeau
national sur le toit de maisons dans les villages tranquilles de la
préfecture de Shannan.
Tas de pierres mani
Le
Yungbolhakang, qu’on dit le plus ancien palais du Tibet, fut construit
au IIe siècle av. notre ère au sommet d’une colline à Shannan. À
l'époque du Ve dalaï-lama, il fut restauré en temple.
Sur la
route vers le Yungbolhakang, nous avons croisé un enfant d’une dizaine
d’années tenant fermement une pierre de la grosseur d’un poing contre
son front pendant qu’il récitait un mantra. Puis, il a déposé la pierre
avec les autres entassées au bord de la route, avant de s’éloigner avec
son père.
Les Tibétains appellent ces pierres mani. Les tas de
pierres, en forme de pyramides ou ronds, sont communs au Tibet.
Habituellement, le mantra universel, Om Mani Padme Hum, est inscrit sur
ces pierres plates, galets ou roches, et des images de déités et de
grands bouddhistes ainsi que des écritures sacrées y sont aussi gravées.
Les
fidèles érigent partout ces tas de mani pour manifester leur piété
envers les enseignements du Bouddha. Quand ils rencontrent un tas de
mani, les passants circulent autour dans le sens contraire des
aiguilles d’une montre en priant pour la santé, la paix et le bonheur.
Croyance religieuse, un choix personnel
La
maison de style tibétain de Lhachug, un homme de 63 ans, compte dix
pièces sur deux étages. Une pièce du second étage sert de chappel
familiale. Des lampes y brulent constamment devant une statue du
Bouddha.
Lhachug est un fermier à l’aise de Nedong dans la
préfecture de Shannan. Les foyers comme le sien ont généralement un
endroit réservé à la prière. Les moins fortunés accrochent un tangka
(une peinture religieuse tibétaine), qu’ils utilisent pour leurs
exercices de piété. Les bouddhistes tibétains, surtout les plus âgés,
chantent des soutras et prient tous les jours. La foi est leur façon de
vivre. Certaines familles invitent des moines à tenir une cérémonie
religieuse à la maison les jours de fêtes importantes ou à l’occasion
d’un mariage ou de funérailles.
Il y a tout de même des
Tibétains qui ne croient pas. Benba Toinzhub, membre d’un organisme
gouvernemental à Xigaze, dit avoir grandi hors de toute religion, bien
que les membres de sa famille soient tous bouddhistes.
« Encore
aujourd’hui, je me dispute avec mon père à ce sujet, dit Benba, mais je
n’ai jamais pu persuader mon père d’abandonner sa foi. » Son père
n’essaie plus de montrer les vertus du bouddhisme à son fils, et ne lui
demande que d’être la meilleure personne possible et d’avoir bon cœur.
Bouddhisme tibétain
Le
bouddhisme fut apporté au Tibet au VIIIe siècle par Padmasambhava, un
maître de l’Inde. Il s’y ancra rapidement et le Tibet devint le refuge
des enseignements bouddhistes quand tout fut détruit ailleurs. Il
existe quatre lignées principales du bouddhisme tibétain, le Nyingma,
le Gagyu, le Gelug, et le Sagya. On appelle parfois le bouddhisme
tibétain Vajrayana (Petit Véhicule) pour le distinguer du Mahayana
(Grand Véhicule) et du Thereavada (Voie des ancêtres), mais le
bouddhisme tibétain embrasse plusieurs des principes du Mahayana,
surtout le désir d’atteindre l’illumination au bénéfice de tous les
êtres vivants.
Le bouddhisme tibétain se distingue des autres
formes par sa croyance en la réincarnation de certains lamas ou tulku
comme le dalaï-lama. Le dalaï-lama est reconnu comme le chef spirituel
de toutes les lignées du bouddhisme tibétain et l’émanation du bouddha
de la Compassion.
Selon la tradition bouddhiste tibétaine, le Dalaï-Lama est la manifestation du Bouddha de la Compassion qui a choisi de se réincarner pour servir l'humanité. Dalaï-Lama signifie "Océan de sagesse".
Le Dalaï-Lama est le chef spirituel et temporel du peuple tibétain. Tenzin Gyatso, le 14ème Dalaï-Lama, est né le 6 juillet 1935 à Takhster, un petit village au nord-est du Tibet, dans une famille de petits paysans. Reconnu à l'âge de 2 ans selon la tradition tibétaine comme réincarnation du 13ème Dalaï-Lama, il a été intronisé le 22 février 1940 à Lhassa, la capitale du Tibet. Il est Geshe Lharampa, c'est-à-dire docteur en philosophie bouddhiste.
Le 7 octobre 1950, les forces chinoises, avec à leur tête Mao Ze Dong, envahirent le Tibet. Sa vie étant en danger, le Dalaï-Lama trouva refuge en Inde en 1959 avec quelques milliers d’autres Tibétains qui le suivaient.Depuis, il ne cesse de plaider en faveur d'une solution négociée de la question tibétaine. En 1989, ses efforts furent couronnés par le Prix Nobel de la Paix.
Mais le Tibet est toujours occupé et la culture de son peuple de plus en plus menacée d'éradication.
Souvent, le Dalaï-Lama dit de lui qu'il est un simple moine, ni plus ni moins. Dans son exil à Dharamsalla au nord-ouest de l'Inde, il s'adonne essentiellement à la méditation et aux prières. Par ailleurs, il voyage beaucoup dans le monde pour donner des conférences, à l'occasion de rencontres bouddhistes ou encore pour rencontrer des hommes politiques.
Les Qing
(1644-1911), dynastie féodale mandchoue, n’ont eu qu’une princesse de
nationalité han sous leur règne qui a duré 268 ans. C’est la princesse
adoptive Kong Sizhen.
Fille d’un général, Kong était sortie
indemne des troubles de la guerre, mais une centaine de membres de sa
famille avaient alors perdu la vie.
Heureusement, Kong fut
d’abord adoptée par l’impératrice douairière Xiaozhuang des Qing, puis
est devenue une princesse et une concubine impériale de haut rang. En
tant que descendante de la famille des Kong, elle gouverna la
préfecture du roi Dingnan.
Depuis la fondation de la dynastie
des Qing, Kong a été la première femme à recevoir l’investiture de la
garde impériale de premier rang. Ayant toute la confiance de
Xiaozhuang, elle a commandé les forces armées qui protégeaient les
tombeaux impériaux et maintenaient l’ordre à la frontière sud-ouest du
pays.
Pendant la lutte contre les troubles qui sévissaient
dans trois États tributaires aux limites de l’empire, elle a apporté
une contribution remarquable à la sauvegarde de la réunification de la
patrie et au maintien de la stabilité sociale.
Pour faire
honneur à sa patrie, elle a manifesté un esprit d’abnégation. Bien
qu’elle ait obtenu plusieurs titres, elle a enduré de rudes épreuves.
Après avoir acquitté l’importante mission qui lui avait été confiée,
elle s’est retirée tranquillement de la scène de l’histoire et a vécu
en ermite dans le palais des concubines. Depuis lors, la suite de son
histoire légendaire est restée inconnue.
DANS l’arrondissement
Haidian de Beijing, Gongzhufen (site de l’ancien cimetière de la
princesse) est aujourd’hui un carrefour de communication et un centre
commercial animé. Point de rencontre de l’avenue Changan et du 3 éme
périphérique, quatre rues rayonnent autour d’un grand espace vert, et
un grand échangeur s’y dresse. Pour protéger l’emplacement de l’ancien
cimetière de la princesse, lors de la construction de cet échangeur, on
a conservé les arbres centenaires (pins et cyprès) et les espaces
verts. On disait que les restes de la princesse Kong Sizhen s’y
trouvaient. Pendant les fouilles qui y ont alors été effectuées, on a
découvert une grande quantité d’armes antiques. En analysant la vie de
la princesse Kong, on peut arriver à la conclusion qu’elle y avait été
ensevelie.
L’origine de Kong Sizhen
Kong
Youde, père de Kong Sizhen, était originaire de la province du
Liaoning. À la fin de la dynastie des Ming (1368-1644), il était un
général qui maintenait l’ordre de Dengzhou dans la province du
Shandong. À cette époque, le gouvernement des Ming était corrompu et
décadent. Les guerres consécutives avaient entraîné le peuple dans la
misère.
À la fin de1631, Kong Youde reçut pour mission de
renforcer les forces en vue du combat qu’allaient livrer les Ming dans
l’est du Liaoning. Lorsque ses renforts arrivèrent à Wuqiao du Hebei,
la neige entrava l’avancée de ses troupes. Ayant peur de manquer de
nourriture et de vêtements, ses 30 000 soldats étaient pris entre deux
feux. Kong Youde décida finalement de diriger ses troupes dans une
révolte contre le gouvernement décadent des Ming. Pour échapper à
l’encerclement des armées des Ming, il prit la fuite avec ses troupes
vers la mer.
En haute mer, Kong Youde, dans une situation
difficile, décida de se rallier au gouvernement des Qing. Cette
nouvelle inattendue fut accueillie avec joie par l’empereur des Qing.
Il envoya non seulement son armée pour accueillir Kong et son armée,
mais encore conduisit en personne ses mandarins à les accueillir
chaleureusement à cinq km de la ville. Profondément touché, Kong Youde
prit la résolution de rester loyal envers la cour impériale des Qing.
En
1644, les Mandchous de la Chine du Nord-Est fondèrent la dynastie des
Qing et installèrent leur capitale à Beijing. Pendant les guerres de
répression des révoltes dans la Plaine centrale, Kong Youde était aux
premières lignes de combat. Son armée partit du Nord-Est et combattit
au sud et au nord du Yangtsé. Pour établir et renforcer l'autorité dans
la Plaine centrale, Kong accomplit des exploits éclatants. Finalement,
on lui conféra le titre de Dingnanwang (roi maintenant l’ordre dans la
région Sud-Ouest).
Née en 1645, Kong Sizhen a donc grandi sous
l’étendard militaire et a reçu le baptême du feu. En 1652, son père
livrait un combat contre une armée paysanne dans la région de Guilin
(alors province du Guangxi), qu’il occupait, et il fut encerclé par
l’armée paysanne. Au cours du combat, il fut atteint d’une flèche à la
tête. La ville fut prise, son père battit en retraite dans sa résidence
et l’incendia. Une centaine de membres de la famille se donnèrent la
mort, à l’exception de Kong Sizhen qui avait alors sept ans. On dit
qu’elle fut sauvée par des hommes de la suite de son père.
Le séjour à Beijing
Après
avoir réprimé les révoltes, l’empereur Shunzhi ordonna aux gardes
d’honneur d’accompagner Kong Sizhen à Beijing. En 1654, la ville animée
accueillit l’arrivée de Kong Sizhen. Sa garde d’honneur passa entre
deux haies de spectateurs et de fonctionnaires et se dirigea vers le
palais impérial. En voyant cette fillette esseulée, l'impératrice
douairière Xiaozhuang se sentit profondément émue. Elle serra l’ enfant
dans ses bras et déclara : « Tu es si jeune, mais tu as connu tant de
malheurs. Désormais, tu pourras me considérer comme ta mère. » Après
avoir entendu ses paroles, la gentille fillette se hâta de se
prosterner, front contre terre, et dit : « Merci beaucoup, Mère, et je
vous souhaite longue vie. »
Le gouvernement des Qing ordonna
aux fonctionnaires de construire un temple à la mémoire de Kong Youde.
En tant que femme, Kong Sizhen ne pouvait succéder au trône de son
père, mais elle avait le droit de jouir d’un traitement princier et de
prendre en main le pouvoir militaire et les affaires de la résidence
princière. Par ailleurs, Xiaozhuang demanda au ministre des Rites (l’un
des six ministres du gouvernement impérial des Qing) de lui fournir 20
000 taëls d’argent. Plus tard, l’empereur Shunzhi publia un édit et
remit à Kong Sizhen un registre lui conférant le titre de Heshuo Gege
(princesse de premier rang).
L'impératrice douairière
Xiaozhuang, épouse de Huangtaiji, déployait beaucoup de talent en
politique. Son fils Shunzhi et son petit-fils Kangxi montèrent sur le
trône dès leur enfance. Par conséquent, elle jouait un rôle
prépondérant dans les décisions politiques. S’appuyant sur sa position
particulière, elle aida trois empereurs à consolider leur pouvoir,
après qu’ils eurent établi leur capitale à Beijing.
Pour
maintenir la domination du gouvernement des Qing, l'impératrice
douairière Xiaozhuang adopta Kong Sizhen et en fit une femme
compétente, tant sur le plan des affaires civiles que militaires. Elle
demanda à Kong de lire non seulement le Livre des Odes et le Canon des
documents, mais encore d’apprendre les arts martiaux et de s’y exercer
avec les princes.
Kong Sizhen était à la fois belle et
compétente, et dès qu’elle eut atteint l’âge adulte, Xiaozhuang
consentit avec plaisir à ce qu’elle ait la position d’impératrice de
Shunzhi. Ayant été élevés ensemble, Shunzhi et Kong Sizhen s’étaient
liés d’une amitié pure et leur mariage ne figurait toujours pas dans
les plans immédiats. Malheureusement, l’empereur Shunzhi mourut à l’âge
de 23 ans.
Après la mort de Shunzhi, Xiaozhuang donna à Kong
l’investiture de la garde impériale de premier rang. Puis elle l’envoya
commander les forces armées qui protégeaient les tombeaux impériaux.
Le mariage de Kong Sizhen
Au
début des Qing, la cour impériale conféra des titres de roi local à
quatre grands généraux des Ming, en raison de leur position, de leur
talent et de leurs mérites remarquables, et ceux-ci se soumirent à la
cour des Qing. Ce sont : Wu Sangui, le Pingxiwang, qui occupa les
provinces du Yunnan et du Guizhou; Geng Zhongming, le Jingnanwang, qui
domina la province du Fujian ; Shang Kexi, le Pingnanwang, qui
administra la province du Guangdong ; et Kong Youde, le Dingnanwang qui
dirigea ce qui était alors la province du Guangxi. Après le décès de
Kong à Guilin, la position royale de Kong Youde fut remplie par Sun
Yanling, mais en réalité, il ne restait que trois rois locaux de la
première heure.
Au fur et à mesure qu’ils acquéraient de la
puissance, les trois autres rois commencèrent à se conduire en despote,
et plus particulièrement Wu Sangui. Dans les provinces du Yunnan et du
Guizhou, il développa des armements et des contingents militaires (de
20 000 à 100 000 soldats) pour se préparer à une guerre, forma une
coterie à des fins illicites, accabla le peuple d’impôts, exploita sans
scrupule des mines pour frapper la monnaie et monopolisa le commerce
frontalier. En demandant au gouvernement des Qing de prendre en charge
les dépenses militaires annuelles de plus de 20 millions de taëls
d’argent, il refusa d’appliquer les ordres du gouvernement.
En
un mot, la puissance des rois locaux menaçait sérieusement la sécurité
politique, économique et militaire de l’État. Le gouvernement des Qing
les considérait donc comme des cancers.
À l'âge de 8 ans, Kangxi
monta sur le trône et fut proclamé empereur après la mort de son père
Shunzhi. Kangxi (règne de 1661 à 1722) est l'empereur le plus renommé
des Qing. Avec l’aide de sa grand-mère paternelle, ce jeune empereur
prometteur décida d’éradiquer tous ces despotes locaux.
Pour
contrôler la puissance du Guangxi, Xiaozhuang demanda à Kong Sizhen
d’épouser Sun Yanling, sous le prétexte que leurs fiançailles avaient
été arrangées par leur père.
Kong Sizhen savait que Sun
Yanling était un jeune dandy et un incapable, et elle comprit les
intentions de sa mère adoptive. Prenant en considération tous les
intérêts en cause, elle accepta finalement cet arrangement. Kong
s’installa à Guilin après son mariage. Puis, l’empereur Kangxi offrit
titres et fonctions à Sun, à la condition qu’il en confie la direction
à sa femme Kong Sizhen. Devant manœuvrer au sein d’un mariage si
tragique et avec un mari si vil, Kong Sizhen se vit obligée de publier
un règlement strict énonçant que « sans sa permission, son mari ne
devait pas faire feu ». Dans l’histoire de la Chine, c’était une
nouvelle inattendue et rarement prise sous la menace de la cour
impériale.
Réprimer la révolte
En
1673, l’empereur Kangxi approuva la demande du Pingnanwang Shang Kexi
de prendre sa retraite et de rentrer dans son pays natal. Kangxi
déclara : « La province du Guangdong est en paix et l’autorité locale
en place peut être annulée. » À cette nouvelle, le Pingxiwang Wu Sangui
et le Jingnanwang Geng Zhongming se sentirent fébriles. Ils
présentèrent par écrit à Kangxi leur avis de se retirer pour sonder son
opinion. Cependant, Kangxi accepta de publier un édit de ratification.
Dans cette situation, Wu Sangui se révolta le premier contre la
dynastie des Qing, geste qui fut suivi par les deux autres rois.
Pendant les troubles avec ces trois rois locaux, la guerre civile
sévissait dans onze provinces du pays.
Au début de la révolte,
Wu Sangui dépêcha des envoyés pour s’associer à Sun Yanling qui n’osait
pas agir à la légère, car il avait manqué de soutien de la part de sa
femme et de ses troupes. Par la suite, cette girouette changea d’avis.
En prenant une série de mesures, il fit arrêter sa femme en ordonnant
qu’elle soit assignée à résidence, tua une trentaine de généraux qui
faisaient preuve d’hostilité et emprisonna le gouverneur envoyé par la
cour des Qing dans la province du Guangxi. Se prétendant de roi Anyuan,
il se révolta de concert avec Wu Sangui.
À ce moment critique,
Kong Sizhen tenta des efforts ultimes. Elle invita son mari à capituler
et coopéra avec Fu Honglie, fonctionnaire local, pour réunir
clandestinement des informations. Finalement, elle dépêcha des envoyés
pour demander l’aide de l’armée des Qing. À ce moment critique, Sun
Yanling hésitait entre deux routes et fut finalement tué par Wu Sangui
qui révéla le complot de Kong Sizhen. Dès que la ville de Guilin fut
enlevée par Wu Sangui, Kong Sizhen tomba aux mains de l’ennemi et fut
amenée dans la province du Yunnan. Sachant que Kong était la fille
unique du Dingnanwang et vu le grand prestige dont elle jouissait dans
la province du Guangxi, Wu Sangui n’osa pas la tuer.
Après huit
années de guerres civiles, les troubles des trois rois locaux furent
complètement réprimés. Après avoir passé quatre ans de sa vie en
prison, Kong Sizhen fut remise en liberté. L’empereur Kangxi la fit
chercher et amener à la cour impériale où cette femme de 36 ans
poursuivit son veuvage. Elle mourut à l’âge de 68 ans. Pour réconforter
son âme blessée, la cour des Qing lui fit des funérailles solennelles.
Zheng
He (1371-1433), ancien grand navigateur musulman chinois qui a fait le
tour du monde il y a 600 ans, a permis à la Chine d'acquérir une
réputation de pays amical et puissant.
En tant qu'émissaire
commercial et politique de l'empereur chinois, il a parcouru les mers,
avec ses 27 000 hommes à bord de 200 navires, sur plus de 50 000
kilomètres, et visité plus de 30 pays en Asie et en Afrique, dont
l'Indonésie, durant 28 ans de 1405 à 1433. Ses voyages ont devancé de
87 ans ceux de Christophe Colomb, de 92 ans ceux de Vasco da Gama et de
114 ans ceux de Fernand de Magellan.
Zheng He, Ma He de son
nom d'origine, est né en 1371 dans une famille pauvre de l'ethnie Hui
(qui partique l'Islam), dans la province du Yunnan dans le sud-ouest de
la Chine.
Son grand-père et sont père ont effectué un
pèlerinage à la Mecque par voie terrestre. Leurs voyages ont beaucoup
contribué à l'éducation du jeune Zheng He. Dès son adolescence, il
parlait l'arabe et le chinois.
Recruté comme serveur par la
famille impériale à l'âge de dix ans, Zheng He fut désigné deux ans
plus tard comme faisant partie de la suite du prince Yan, qui devint
plus tard l'empereur Yong Le.
L'empereur Yong Le chercha à
améliorer son image et celle de la Chine en envoyant des flottes
spectaculaires et en accueillant des ambassadeurs de pays étrangers à
la cour impériale.
Le gouvernement de la flotte a été confié à son favori, Zheng He.
Ses
voyages ont beaucoup contribué à la renommée de la dynastie des Ming
comme un puissant pouvoir à l'Est et ont aidé à réaliser de grands
progrès dans les domaines économique et diplomatique.
Zheng He
est décédé dans la 10e année du règne de l'empereur Xuande (1433) des
Ming et fut enterré dans la colline de Tête de taureau (Niushou) dans
la banlieue sud de la ville actuelle de Nanjing dans la province du
Jiangsu.
En 1983, lors du 580e anniversaire du voyage de Zheng
He, son tombeau a été restauré. Le nouveau tombeau a été construit sur
le site du tombeau original et reconstruit selon les moeurs et coutumes
islamiques.
Né à Shaoshan, province Hunan
(1893-1976). Issu d’une famille de paysans aisés, Mao ZeDong ou
TséToung (Máo Zédōng, signifie "né pour diriger l'Est") découvre le
marxisme à l’université de Pékin (où il est bibliothécaire) et
participe à la fondation du Parti Communiste Chinois en 1921.
Percevant
le potentiel révolutionnaire des masses paysannes, il organise une
insurrection au Hunan (1927), mais l’échec de celle-ci lui vaut d’être
exclu du Bureau politique du PCC. Gagnant le Jiangxi pour échapper à la
répression engagée par Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) contre le parti,
il fonde la République socialiste chinoise(1931), mais doit battre en
retraite devant les nationalistes du Guomindang (la longue Marche
1934-1935).
Réintégré au Bureau politique (1935), il s’impose
comme le chef du mouvement communiste chinois, tout en s’alliant avec
Jiang Jieshi contre les Japonais. Il rédige alors, à Yan’an, ses textes
fondamentaux (Problème stratégique de la guerre révolutionnaire en
Chine, 1936 ; De la contradiction, De la pratique, 1937 ; De la
démocratie nouvelle, 1940), dans lesquels il adapte le marxisme aux
réalités chinoises.
Après trois ans de guerre civile
(1946-1949), il contraint Jiang Jieshi à abandonner le continent et
proclame à Pékin la République populaire de Chine (1er Oct.1949).
Président du Conseil puis Président de la République (1954-1959) et
président du parti, il veut accélérer l’évolution du pays lors du Grand
Bond en avant (1958) et de la Révolution culturelle (1966-1976), dont
le programme est livré dans son « Petit Livre Rouge ». Malgré deux
échecs très coûteux pour le pays, le prestige de Mao et l’influence
politique de sa femme, Jiang Qing, sont tels que ce n’est qu’une fois
mort qu’il sera publiquement critiqué.
Fondateur du Parti
communiste et de l'Armée Rouge des ouvriers et des paysans, il a établi
le chemin de l'environnement des villes de la campagne développant la
Guerre du Peuple comme la théorie militaire du prolétariat. Il était le
théoricien de Nouvelle Démocratie et le fondateur de la République du
Peuple, le promoteur du Grand bond en avant et du développement du
socialisme, le leader de la lutte contre le « révolutionnisme »
contemporain de Khrouchtchev et de ses « acolytes », leader et chef de
la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne. Cet ensemble constitue
les points de repère d'une vie entièrement consacrée à la révolution.
Le Grand Bond en Avant (Chinois Simplifié , Chinois Traditionnel , pinyin: Dà yuè jìn) était une campagne du Parti communiste chinois (CCP) de République Populaire de Chine de 1958 au début de 1960 ayant pour but une industrialisation rapide du pays
Contexte historique
Durant les années 1950, l'Etat chinois met en place un programme de redistribution des terres couplé a une industrialisation, avec l'aide technique de l'Union Soviétique. Dans le milieu de la décennie, la situation de la Chine continentale s'est quelque peu stabilisée, et la menace immédiate de la guerre de Corée (contre les États-Unis) et de la guerre d' Indochine (contre la France) s'éloigne. En 1952-1953, les personnes reconnues comme capitalistes par le nouveau pouvoir, étaient expropriées, les opposants de gauche, ainsi que ce qu'il restait du Kuomintang (parti nationaliste) en Chine continentale, furent éliminés ou emprisonnés. Pour la première fois, la Chine semblait avoir un gouvernement national fort et stable. Elle comprit que, loin de « rattraper et dépasser » l'Ouest, l'économie Soviétique était largement à la traîne.
Cependant, Mao Zedong fut alarmé par l'attitude du leader d'Union Soviétique, Nikita Khrouchtchev, lors du 20e congrès du parti communiste russe. Les insurrections en Allemagne de l'est, en Pologne et en Hongrie, ainsi que la volonté d'une « co-existence pacifique » avec l'ouest de l'URSS; indiqua à Mao l'inexorable séparation entre l'Union Soviétique et la R.P.C. (République Populaire de Chine).
Le grand bond en avant
Le grand bond en avant est un programme de réformes qui s'inscrivait dans la ligne générale de construction socialiste de la Chine et définissait les grandes lignes du second plan quinquennal (1958-1962, le premier plan s'étant déroulé de 1953 à 1957) de développement socialiste. Le but du Grand Bond en Avant était d'accéler considérablement le développement économique et technique du pays tout en obtenant de meilleurs résultats que ceux obtenus pendant les premières années du régime. On espérait pouvoir atteindre cet objectif en procédant à une utilisation plus efficace des ressources locales pour le développement simultané de l'industrie et de l'agriculture. Ceci amena le parti à intensifier la mobilisation et l'endoctrinement des zones rurales.
Le Grand Bond en Avant était centré sur un nouveau système socio-économique créé dans les campagnes et quelques espaces urbains: les communes populaires (people's commune). A la fin de 1958, 750 000 coopératives agricoles avaient été regroupées en 23 500 communes, constituées en moyenne de 5000 familles ou 22 000 personnes. Chaque commune avait le contrôle sur tous les moyens de production et opérait indépendemment des autres. Le modèle prévoyait que les communes soient (théoriquement) auto-suffisante en ce qui a trait à l'agriculture, aux petites industries (dont les célèbres fonderies d'acier de fond de cours), aux écoles, à l'administration et à la sécurité locale (milicia). Le système était aussi basé sur l'espoir qu'il permettrait de libérer des ressources pour les travaux d'infrastructure qui étaient partie intégrale du plan de développement.
Le programme s'est mis en place à différents niveaux d'extrémisme selon les régions. L'organisation était généralement para-militaire, les cuisine et les crèche devenaient communes. L'emphase mis sur la communauté s'opposait au modèle traditionnel de la famille. Dans certaines régions, des dortoirs communautaires ont même été créés en remplacement des foyers familiaux (mais tous ont été rapidement abandonnés).
Dès le début de 1959, les signes de réticence de la population commencèrent à faire surface. Le parti, qui présenta un rapport très positif mais faussé de la production de 1958, du admettre qu'il était exagéré. Les conséquences économiques du Grand Bond en Avant commencèrent à se faire sentir: pénuries de matière première pour les industries, sur-production de biens de mauvaise qualité, détérioration des usines et des infrastructures suite à une mauvaise gestion et surtout, démoralisation complète de la population dont des cadres du parti à tous les niveaux. Des pénuries de nourriture apparurent et dégénérèrent en famine dans plusieurs régions. On estime généralement à entre 20 et 40 millions le nombre de victimes morte de faim ou des conséquences sanitaires qui résultèrent.
Les conséquences politiques se sont aussi fait sentir: en avril 1959, Mao qui était considéré comme le principal responsable du désastre dû se retirer de son poste à la tête de la République (mais il demeura à la ta tête du PCC). Liu Shaoqi fut nommé comme replaçant par le parti.
Si le Grand Bond en Avant marqua une coupure de politique avec l'URSS, le programme emprunta de nombreux éléments de l'histoire de l'URSS:
- La nationalisation des fermes pendant la troisième période de l'URSS,
- Le Stakhanovisme du début des années 30,
- la Garde Populaire crée par Khrushchev en 1959.
Le résultat
Le Grand Bond en Avant est maintenant reconnu, en Chine comme dans reste du monde, comme un désastre économique. De nombreuses sources, occidentales comme orientales, estiment qu'environ 20 millions de personnes sont mortes pendant cette période. La majorité du coût humain est lié à la famine qui accompagna cette réforme. Par ce bilan, Mao s'est distingué comme le dictateur responsable du plus grand nombre de morts parmi ses compatriotes, surpassant même Staline. Pol Pot au Cambodge a tué une plus grande proportion de la population de son pays, mais demeure très en deça de Mao lorsque l'on considère le nombre absolu des victimes.
Selon le livre de Jasper Becker - un journaliste possédant une grande expérience de la Chine - intitulé Hungry Ghosts, la plupart des critiques étrangères sur le Grand Bond furent le fait d'observateurs basés à Hong Kong. Les débats dans les années 1950 et 1960 sur le Grand Bond s'articulèrent donc grossièrement entre ceux qui avaient vécu dans la Chine de Mao, et les autres.
L'auteur de l'article « China » (1959), W.E.B. DuBois visita la Chine durant le "Grand Bond en Avant". Il ne rapporta aucune observation accréditant les critiques liées à la famine induite par le Grand Bond. Anna Louise Strong visita aussi la Chine durant cette période et écrivit When Serfs Stood Up in Tibet pour relater ses observations. Les détracteurs firent cependant remarquer que ces deux auteurs étaient guidés comme des touristes en voyage organisé en Chine et ne voyagèrent jamais sans la supervision des autorités chinoises. Le livre de Strong fut également hautement critiqué pour ses descriptions très positives de l'autorité chinoise sur le Tibet.
Au début des années 1980, les critiques sur le Grand Bond devinrent plus précises: la fonctionnaire du gouvernement américain Judith Banister publia ce qui devait devenir un article influent dans le China Quarterly. Les fréquentes estimations de la presse américaine élevèrent à 30 millions le nombre de morts de la famine issue du Grand Bond. Les critiques sur ce chiffre portent sur les taux de natalité utilisés pour effectuer le calcul du nombre de morts.
De nos jours, suite à la croissance des échanges entre la Chine et l'Occident, les débats sur les évolutions projetées et statistiques de la population sont plus fréquents.
Durant le Grand Bond, l'économie chinoise commença par s'accroître. La production de fer augmenta ainsi de 45% en 1958, puis de globalement 30% sur les deux années suivantes; avant de s'effondrer en 1961. Le niveau de 1958 ne fut retrouvé qu'en 1964. La période de famine fut appelée les Trois Années de Désastres Naturels à l'époque. Ce nom n'est quasiment plus utilisé en Chine maintenant puisqu'il est avéré que la famine était plus due à une mauvaise planification économique qu'aux phénomènes naturels. On dit maintenant La Famine du Grand Bond.
En dépit du risque pour leur carrière, des membres du Parti Communiste Chinois dénoncèrent la direction du Parti comme responsable du désastre et avancèrent que cela prouvait le besoin pour la Chine de s'appuyer plus sur l'éducation, l'acquisition d'expertises techniques et l'application de méthodes capitalistiques pour développer l'économie. Ce fut pour écraser cette opposition que Mao lança sa Révolution Culturelle au début de l'année 1966.
Après la mort de Mao et les réformes économiques chinoises entamées sous Deng Xiaoping, le consensus du gouvernement chinois fut que le Grand Bond était un désastre économique majeur causé par le culte de la personnalité sous Mao Zedong, une de ses plus mportantes erreurs après la fondation de la République populaire de Chine.
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